Histoire & Patrimoine

Le village

Le village de Baraigne, de type ecclésial est né de son lieu de culte.

À l’origine, l’habitat était groupé autour de l’église sous une forme circulaire. Par la suite, le village s’est développé au Nord et à l’Ouest de ce périmètre initial. Aujourd’hui, cette structure régulière a disparu et aucun vestige ne révèle s’il était doté d’une organisation défensive.

Seul subsiste au Nord, la sortie d’un souterrain permettant d’évacuer le village. Dans les caves du château, on peut également apercevoir un départ ruiné de souterrain en direction de Caillavel dont la sortie est toujours visible à quelques distances de la ferme Fissovent.

En 1980, un lotissement communal a étendu le périmètre du village vers l’Est, suivi d’un second dans les années 2000.

Tracé supposé des souterrains.

Sortie du souterrain située sur la commune de Baraigne.

Sortie du souterrain située non loin de la ferme Fissovent.

Toponymie

Le toponyme « Baraigne », probablement d’origine gallo-romaine, proviendrait de « Varianus ».

Le premier témoignage manuscrit de la localité remonte à 1155, sous la forme de « Veranano ». Et nous la retrouvons au fil des siècles sous différents toponymes :

• Sancta Maria de Veranano, 1207 (Doat, 83, f.41)

• Verananum, 1207 (ibid., 5, f.295)

• Varanhanum, 1240 (Pierre Bauville d’Avignonet)

• Honor de Varanhas, 1250 (ibid., f.174)

• Varagnanum, 1317 (Gall. christ., XIII, Instr., C254)

• Beata Maria de Baroha, 1318 (Vidal), p.134)

• Ecclesia de Varanano, 1318 (ibid., p.160)

• Varanha, 1382 (arch. Aude, H333)

• Varainhe, 1494 (ibid., G90, f.31)

• Varaigne, 1550 (ibid., B 1982)

• Varagne, 1774 (carte du canal royal)

• Baragne, 1781 (carte Diocèse Saint-Papoul)

• Baragnie, 1866 (carte de Cassini)

• Baraigne à partir du XXe siècle

• Baragno (vulg.)

• Baranha (Occitan)

Démographie

Les croix

Pour conjurer le sort de la période glaciaire de la fin du XVIIIe siècle, une croix est érigée au centre de la place du Plô, déplacée bien des années plus tard vers la sortie Sud de la commune. Datée de 1780, cette croix en fer forgée est l’oeuvre du Sieur Cazala de Ricaud.

Elle est ornée de larges feuilles recourbées, présente des extrémités en forme de fleur de lys, arbore également le coeur du Christ, la lance et le porte-éponge.

En 1873, une seconde croix en fer forgé est installée à l’entrée Nord de la commune à la demande d’une mission religieuse.

Elle est l’œuvre des ateliers Saint Éloi de Toulouse.

Le moulin

Au Nord de Baraigne, se dresse un moulin à vent.

À quelques dizaines de mètres de celui-ci, s’élevait un autre moulin où les meuniers furent sauvagement assassinés en 1802. Traînant difficilement une mauvaise réputation à la suite de ce crime et plus au moins laissé à l’abandon, il finit par s’écrouler pour être remplacé en 1830 par le moulin actuel.

L’édifice présente quelques particularités peu communes en Lauragais : deux zones de travail et fait très rare, ce moulin est pourvu de trois paires de meules.

La meule principale se situe au rez-de-chaussée, les deux autres, dans la chambre du premier étage où l’on accède par une petite échelle meunière extérieure et neuf marches.

Le moulin est actionné par seulement deux ailes, ce qui prouve la force des vents dans ce coin de Lauragais. Le virage du toit s’effectue par crémaillère en actionnant une manivelle au premier étage.

Ce moulin est équipé d’un astucieux système d’alarme ; quand le poids du grain devenait insuffisant dans la trémie, un batonnet solidaire remontait et libérait une clochette qui allait heurter l’axe tournant de la meule. Selon la longueur de la ficelle, la clochette tintait lorsqu’il ne restait plus dans la trémie que 10 à 30 litres de grain.

 

Au début du siècle dernier, s’élevait sur Baraigne 3 autres moulins : un moulin à huile de lin et deux moulins à pastel dont une des meules (photo ci-dessus) est toujours visible sur la place du Plô.

En 1873, une seconde croix en fer forgé est installée à l’entrée Nord de la commune à la demande d’une mission religieuse.

Elle est l’œuvre des ateliers Saint Éloi de Toulouse.

Malgré l’écroulement du toit qui laisse apparaître le grand rouet et une aile foudroyée, l’équipement du moulin est à peu près complet.

La meule principale, levée pour être rhabillée. Elle est prise dans l' »anse » et soulevée par la « potence » qui occupe le premier plan. Cette meule est en silex et mesure 1,70 m de diamètre, 0,32 m d’épaisseur et comporte 24 rayons.

Les stèles discoïdales

Les stèles discoïdales sont avant tout des monuments funéraires qui ont marqué les tombes de certains de nos ancêtres lors du dernier millénaire. La croix en a été le principal motif de décoration, pour ce symbole hautement religieux, des millions d’hommes sont morts.

Ce sont des pierres, dressées sur les tombes à partir du Moyen-Âge. Elles étaient plantées du côté de la tête du défunt.

Il semble que le pays basque ait été le berceau de cette coutume, quand l’église commença à être bien implantée et une abondante documentation en atteste la présence au moins dès le Xe siècle.

Cathares ? – La date et la situation des stèles, ainsi que certaines particularités symboliques (croix à branches égales, croix perlées du Languedoc) ont amené Déodat Roché à l’hypothèse qu’il s’agissait de monuments cathares. Par une coïncidence troublante, des stèles du même type ont été trouvées en Bulgarie dans la région  de Sofia où le bogomilisme (origine du catharisme), naquit. Mais, ces stèles seraient en fait du XIXe siècle.

On peut écarter tout rapprochement entre ces monuments et le catharisme. En effet :

• quand on peut les dater, ils sont postérieurs à la période où le catharisme aurait pu avoir des sépultures.

• si leur nombre est élevé en Lauragais, ils se rencontrent aussi dans des régions où le catharisme n’a jamais pénétré ou très peu (Pays basque, Chalosse, Gascogne, Suède,…).

• si ces monuments avaient été connus comme cathare par la population et le clergé de l’époque, ils ne seraient jamais parvenus jusqu’à nous dans un région où l’inquisition faisait exhumer les cadavres et détruire les maisons.

• les cimetières cathares auxquels font allusion les sources historiques se trouvent dans des localités où l’on n’a pas retrouvé de discoïdales comme à Puylaurens.

• les arguments reposant sur la symbolique de l’ornementation sont entièrement gratuits. Ils ont d’ailleurs entraîné plusieurs auteurs dans des généralisations ou des approximations indéfendables comme les croix de fer forgé de la Haute Ariège, présentées comme cathares au seul motif qu’elles sont fleurdelysées, alors qu’elles remontent au plus au XVIIe siècle.

Localisation des stèles, on trouve des stèles discoïdales dans les cimetières étrusques de Bologne en Italie, en Syrie chrétienne, dans l’Espagne pré-romaine et gallo-romaine, au Moyen-Âge en Catalogne, au Portugal, au Pays Basque du Xe siècle à nos jours, en Wesphalie, en Suède (XIIe siècle), dans le Maghreb jusqu’à l’époque contemporaine. Et bien sûr en France, à Vaison la Romaine (Vaucluse), dans les confins gascons du Pays Basque, dans la Gascogne gersoise, à Moissac (Tarn et Garonne), à Mende (Lozère), dans l’Aveyron et dans le Lauragais où nous limiterons cette étude.

Les stèles du Lauragais sont, pour la quasi totalité, rassemblées dans les cimetières ou autour des églises. Il en subsiste quelques unes en bordure des chemins ou sur des murs de ferme. L’usage pour les sépultures modernes est courant. On en trouve dans des cimetières postérieurs à la Révolution.

La majorité des stèles du Lauragais se trouve dans un rayon de 20 km autour de Castelnaudary. A belpech, Saint Michel de Lanès, Pexiora, Montferrand, Baraigne et Les Caasès. Les stèles ont été regroupées pour éviter les dégradations et rendre aisée leur observation.

En conclusion, il ne faut pas penser que « tout est dit et vient trop tard ». Des exemples nous montrent qu’on découvre encore des stèles dans la région et que des stèles qui avaient disparu sont retrouvées.

Il faut chercher, questionner. Compte tenu des nombreux vols constatés, il semble indispensable que toute stèle soit scellée de façon inviolable et, peut-être que ces reliques du passé soient concentrées en des lieux où la surveillance par le voisinage est mieux assurée, plutôt au centre de l’agglomération qu’en un cimetière éloigné. Ainsi ces stèles qui étaient semble-t-il tombées dans l’oubli pendant des siècles, pourront-elles être définitivement sauvées et concourir, d’une façon appréciable, à la compréhension de l’histoire d’une région, qui a encore tant à nous faire découvrir.

Pourquoi la forme discoïdale ? – Il semble bien qu’une des clés du problème soit dans la parenté de la stèle et de la meule. En effet, la mouture use très rapidement les meules calcaires et leur entretien suffit à occuper, dans chaque bourgade, le tailleur de pierre spécialisé qui dresse la surface et redonne du relief au cran.

Une délibération de 1495 du Consulat de Foix apporte un élément précieux à cette hypothèse : on vole à cette époque à Foix des pierres tombales au cimetière pour en faire des meules. Il s’agit évidemment de discoïdales, pour lesquelles l’essentiel du travail était fait.

Et si l’on se fit à la localisation géographique, on ne manque de remarquer que les stèles discoïdales se trouvent généralement dans des régions essentiellement céréalières.

Crédit photo Magali BELTRAN GRANEL

Sculpture de Jean-Luc SEVERAC

Crédit photo Magali BELTRAN GRANEL

Codification de la décoration des stèles : à partir du dépouillement d’une quinzaine d’études sur ce sujet, depuis celle de Dusan en 1866, l’archéologue Pierre Ucla a effectué des recherches sur le terrain qui lui ont permis de retrouver la trace de 175 stèles dans 52 localités de l’Aude. Il était impératif qu’un classement et une codification fût établie. En voici le résultat à rapprocher des codes des tableaux analytiques des stèles de chaque commune.

Emplacement des stèles, aucune des stèles recensées n’est plus à sa place d’origine, mais les témoignages formels attestent que les collections les plus importantes ont été découvertes dans des cimetières aujourd’hui désaffectés comme à Carcassonne (cimetière Saint Michel), Montferrand, Pexiora et autres.

Il n’y a aucun doute qu’il s’agit de stèles funéraires, chrétiennes d’après leur décoration.

Les stèles de Baraigne

Un certain nombre de stèles funéraires ont été découvertes dans le cimetière communal. Quatre de celles-ci sont installées à l’entrée du cimetière dont la dernière découverte en 1993, deux autres sont scellées dans son mur de clôture. Deux crois et une stèle discoïdale sont adossées au chevet de l’église ; l’une de celles-ci (plus curieuse que les autres) est abritée dans l’église.

Lorsque l’on sait que Baraigne fût un village totalement cathare, on ne manque pas d’être intrigué par cette croix trilobée qui aurait pu parvenir jusqu’à nous après des siècles de répression.

Les disparues !

Il y a quelques années, toutes les croix qui marquaient les croisements de la commune, ont disparu. Certaines font le bonheur de musées à Carcassonne ou Limoux, d’autres ne décorent qu’égoïstement le jardin de particuliers.

Cette croix « cathare » trilobée a été brisée, il n’en reste que la partie supérieure.

Dans le lobe du haut cerclé, se trouve une croix ancrée. L’ancre est le symbole chrétien du Père Créateur.

Dans le lobe cerclé de gauche, une croix à branches égales. Croix nue du Christ « non incarné ».

Dans le lobe cerclé de droite, est gravée une colombe ; symbole caractéristique cathare de l’esprit sauveur.

Sur le pied une croix « renversée » est également sculptée.

La croix de Baraigne date du milieu du XIIIe siècle.

Cette stèle discoïdale est demeurée longtemps exposée non loin de l’église. Elle représente sur l’une de ces faces, une croix grecque (à branches égales) et sur l’autre, une navette de tisserand (on sait que le catharisme était très répandu chez les tisserands du Languedoc). Mais, ce qui en fait surtout l’intérêt, c’est qu’elle est ornée par surcroît d’un graffiti dont l’un reproduit la croix à douze branches dite « Croix de Toulouse » et l’autre, l’étoile à cinq branches (formant en son centre un pentagone, symbole de prédilection des cathares occitans). Cette stèle remarquable à tous égards, est maintenant conservées au musée de Limoux.

Dite « Croix du Rival », stèle trilobée de 75 cm de hauteur totale et de 70 cm d’envergure sur 15 cm d’épaisseur. L’une des faces abimée par les intempéries porte 4 disques : le disque des bras porte en relief une fleur de lys cerclée. Il est permis de penser que ces fleurs de lys sont des retouches des croix cathares. Nous hasardons qu’il s’agit là d’une croix aux douze perles , mais dont les perles sont effacées. Au coeur, un disque plus petit (20 cm de diamètre) est porteur d’une croix carrée légèrement pattée, allongée en croix latine par retaille de son pied. Le revers présente un Christ.

Les trois disques portent encore en relief le cercle manichéen.

NB : photo prise dans le jardin de la résidence de l’actuel « détenteur » à Toulouse

Cette croix se trouvait au carrefour de la route départementale D517 conduisant au lac de la Ganguise et du chemin communal dit « Chemin vieux » au Sud du village.

Elle a été volée par un « touriste » dès la mise en eau du lac.

Crédit photo : JC PLANCADE

Toutes informations sur ces stèles sont les bienvenues !

Vous pouvez contacter la mairie de Baraigne aux jours et horaires d’ouverture au numéro suivant : 04 68 60 15 13

Toutes les stèles ci-dessous sont exposées dans le coeur de ville.

L’église Sainte Marie de Baraigne

Le petit sanctuaire qui constitue l’un des plus beaux spécimens d’églises romanes de l’Aude, s’élève au Sud du bourg après en avoir été le centre. Il est classé monument historique depuis 1908.

Les plus anciens documents le mentionnant datent de 1207. Le chapitre d’Alet y percevait autrefois les « fruits décimaux » (deniers du culte).

En 1317, lorsque le pape Jean XXII érigea l’abbaye de Saint-Papoul en évéché, dépendant de l’archevêché de Toulouse, Baraigne fut placée dans le nouveau diocèse de Saint-Papoul et y resta jusqu’à la Révolution.

L’église Sainte Marie de Baraigne est une des rares églises romanes qui soit encore debout dans notre département. Admirablement conservée, restaurée avec soin, elle offre à l’archéologue un sujet d’étude vraiment intéressant.

Nous ignorons la date de sa fondation. Mais, on peut dire avec certitude que le monument date du XIIe siècle.

L’abside

L’édifice entièrement roman, est orienté de l’Est à l’Ouest. Il se compose d’une abside et d’une nef flanquée de deux chapelles. Celles-ci qui matérialisent le transept sont des adjonctions du XIXe siècle.

L’abside, en cul-de-four, est éclairée par trois fenêtres en plein-cintre, évasées vers l’intérieur. Quatre colonnes engagées dans des dosserets et surmontées de chapiteaux ornés de feuillage, segmentent le fond de l’abside. Une série de cinq arcades part des doubleaux et retombe successivement sur les quatre dosserets. Les colonnes sont nettement en avant et ne supportent rien.

La nef

La nef, voutée en berceau, est flanquée de chaque côté, d’une chapelle voutées elles aussi en berceau. Chaque chapelle prend jour par une fenêtre en plein-cintre.

La partie de la nef correspondant aux chapelles forme une travée limitée par deux arcs doubleaux. Le premier divise la nef en deux travées inégales, l’autre sépare la nef de l’abside, c’est l’arc triomphal. Ces arcs reposent sur des colonnes engagées avec bases circulaires. Seuls, les chapiteau, quoique romans, ne paraissent pas avoir le même âge. Ceux de la nef très simples, semblent plus anciens, ils sont ornés de feuilles lancéolées et de dessins en spirales d’un aspect très archaïque. Les deux chapiteaux de l’arc triomphal sont ornés de feuilles larges plus compliquées.

La nef reçoit le jour uniquement par une large fenêtre percée dans le mur du fond et qui est formée de deux longues ouvertures en plein-cintre surmontées d’un oculus. Au-dessous de cette fenêtre, on remarque une petite porte, aujourd’hui bouchée.

Le portail & l’abside extérieure

Le portail de l’église s’ouvre dans le mur de la rive Sud, situé à 3 m 40 du mur de fond, il mesure 1 m 45 de large. C’est un plein-cintre surmonté d’un arc dont l’archivolte est ornée d’animaux, de têtes et de dessins en échiquier. Cet arc retombe sur deux colonnes surmontées de chapiteaux ornés de feuillage très simple. La base de la colonne de gauche porte deux têtes.

Malgré sa simplicité, cette porte est très belle.

Extérieurement, on remarque l’abside qui est la partie la plus intéressante. Elle est ornée, au-dessous de la corniche, d’une série de petits arcs qui retombent d’un côté sur le contrefort et  de l’autre sur un corbeau. Il y a trois corbeaux sculptés différemment. Sur celui du Sud, on voit un baril, à l’Est, une tête de roi, au Nord, un agneau. « Ba – Roi – Gne » : est-ce l’ancêtre de l’anagramme ?… Plus sûrement, un hommage protecteur aux vignes, aux hommes, aux troupeaux de moutons qui peuplaient la région.

Toit – Chapelle – Clocher

Le toit a été rehaussé afin d’isoler la charpente de l’extrados de la voûte. Cette modification a eu pour résultat de masquer un chéneau circulaire, conduisant les eaux de l’abside jusqu’à deux petites gargouilles placées entre les contreforts de la nef.

Les chapelles existaient-elles dans le plan primitif ? Un document datant de l’année 1725 semble indiquer qu’il y en avait tout au moins une. Malheureusement complètement démolies depuis fort longtemps lorsque l’on restaura l’église. Elles ne figurent pas sur le plan de DUSSAN dressé vers 1866.

Un clocher à arcades surmonte le mur du fond. Originairement de forme rectangulaire, il est devenu triangulaire, par des additions écroulées sur les côtés et peut-être au couronnement.

Crédit photo : ©Wilf James

Dimensions intérieures :

Longueur totale : 17 m 29

Largeur dans l’oeuvre : 5 m 10

Longueur de la nef : 8 m 85

Largeur : 5 m 10

Profondeur de l’abside : 5 m 44

Longueur des 2 chapelles : 3 m

Profondeur : 2 m 50

Epaisseurs des murs : 1 m

Crédit photo : ©Wilf James

Le carillon

En 1995, une troisième cloche a été installée au sommet.

Bénie le 6 mars 1995, « Marie » complète le carillon électrifié.

Le château

Le château de Baraigne est construit sur une petite éminence dominant le village, à 300 m à l’Ouest du bourg.

Classé monument historique depuis 1948, sa construction est attribuée à Barthélémy de Buisson (1568 – 1622), Seigneur de Baraigne.

Quelques parties sont plus anciennes, mais ne paraissent pas remonter plus loin que le XVe siècle.

Commencée en 1975 et aujourd’hui terminée, nous devons à Monsieur ……………………. une profonde et parfaite restauration alors que l’édifice était quasiment ruiné.

Le plan primitif a été modifié, ainsi qu’en témoignent des traces très nettes d’agrandissement vers le Nord. La porte qui se trouvait d’abord au milieu de la façade orientale, a été rejetée sur la gauche.

Le monument, de style Renaissance, délimite un vaste quadrilatère flanqué de trois tours d’angle et nanti d’une cour intérieure. L’ensemble était ceinturé par des douves, aujourd’hui disparues.

À l’Est, la porte d’entrée, en plein-cintre, s’ouvre dans le mur d’enceinte. Elle présente encore deux longues rainures qui constituent les restes d’un pont-levis. Cet accès défendu par une puissante bretèche, supportée par quatre consoles.

Lra façade Sud présente les restes d’un mâchicoulis. La façade Nord comporte, outre des baies très remaniées, une petite corniche sur sa partie supérieure. La façade Ouest comprend une fenêtre à meneaux croisés et une petite archère.

Enfin, une tour d’escalier octogonale a été ménagée à l’angle Nord-Est de la cour intérieure. L’embrasure de la porte d’accès à cette tour de style néo-grec est tout à fait remarquable et également caractéristique de l’époque Renaissance. C’est là certainement la partie la plus intéressante du château. Par cette porte, on accède à la partie Nord de l »édifice aujourd’hui totalement restaurée. On peut y découvrir les cuisines, mais surtout la salle des gardes. Flanquée au Nord d’une majestueuse cheminée, cette immense salle au magnifique plafond boisé est construite sur neuf « crozes » taillés dans le roc. Ces citernes ovoïdes d’environ deux mètres de diamètre étaient destinées à conserver les récoltes du propriétaire.

Le château appartient aujourd’hui à la famille d’un industriel normand qui a acheté la propriété en 1974 à Monsieur du Lac. Lui-même le tenait par héritage de Mademoiselle de Lavalette, sa tante par alliance.

Mais, la propriété appartenait autrefois à la famille de Buisson continuée par celle de Roquette-Buisson. Cette illustre famille donna des seigneurs à Baraigne pendant près de quatre siècle et ses armes légèrement modifiées, sont devenues les armoiries de Baraigne.

L’ouvrage défensif est percé d’embrasures qui devaient être utilisées pour les tirs de mousquetaires. De part et d’autre de la porte, courait, côté cour, un chemin de ronde dont seuls les vestiges sont matérialisés par quatre canonnières.

Les deux tours d’angle Sud, de formes circulaires, sont protégées par quelques canonnières. Celles-ci réparties sur deux étages, sont rectangulaires à l’extérieur et circulaires à l’intérieur. Ce type d’embrasure est caractéristique de la fin du XVIe siècle. On décèle, en outre, de petites embrasures à mousquet dans les parties inférieures des tours.

L’angle Nord-Ouest est flanqué d’une tour carrée, de plan régulier.

Blason de Baraigne

Écartelé au 1er d’argent à un lion naissant de sable, lampassé de gueules, coupé d’or à un arbre de sinople.

Au 2e d’azur à un roc d’échiquier d’or.

Au 3e d’azur à trois coquilles d’or posées 2 et 1.

Et au 4e d’or à trois faces de gueules.

Histoire du Languedoc, Rosbach (p. 657)

Les premiers seigneurs

La famille de Buisson, probablement originaire du château d’Alleuze, près de Saint-Flour, apparaît dans la région du Lauragais à la fin du XIVe siècle.

Pierre de Boysson, Seigneur de Vaurelles, co-Seigneur d’Auben, épouse le 2 des nones de février 1399, Claire Mancip, fille de Bernard Seigneur de Beauteville, Cailhavel, etc., et de Vassalède de Lauzière.

Les Mancip possédaient-ils à cette époque la terre de Baraigne ? C’est fort probable, mais rien ne nous permet de le certifier. Jean, son fils, qui vécut entre les années 1456 et 1470, n’est pas non plus signalé comme seigneur de Baraigne. Il faut arriver au descendant de ce dernier, pour trouver nettement indiqué la possession de Baraigne par la famille de Buisson.

Jean de Buisson est désigné comme Seigneur de Beauteville, Miramont, Beaumont, Baraigne, Aussonne, le Plégat, Ichaussas, Baziège et Montmaur. Il est capitoul de Toulouse en 1483, 1484 et de 1490 à 1492. Marié en 1480 à Catherine de Restes, il testa le 28 septembre 1515 et fut enterré dans l’église des Cordeliers de Toulouse. La pierre tombale qui recouvrait ce monument est au musée de Toulouse. Il eut deux fils et une fille. Son fils Hugues, est l’auteur de la branche Baragne-Beauvoir, qui a été substituée dans la famille Roquette-Buisson.

Branche de Baragne ou de Beauvoir

Hugues de Buisson écuyer, Seigneur de Montmaur, Baragne, Cailhavel, Boussenac, Peyre de Naurouze et Airoux, épousa le 09 février 19508, Anne de Lauret, fille du premier président Bernard de Lauret et d’Isabeau de Saint-Félix. Il dénombra ses fiefs en 1517, fut capitoul en 1523, acheta une terre à Cailhavel à la Reine Marguerite de Valois le 02 mars 1524 et testa le 29 juillet 1528, laissant l’héritage à son fils Jean.

Jean de Buisson Seigneur de Baragne, Cailhavel et Boussenac, Capitaine dans les armées du roi, rendit hommage pour la justice haute, moyenne et basse de ses trois seigneuries, à Catherine de Médicis en 1550 et 1551. Il épousa le 13 septembre 1511, Peyroune de Plaigne, fille de noble Michel, Seigneur de Ferriol et de noble Françoise de Narbonne. Il passa acte de partage avec ses frères Jacques et Etienne le 02 avril 1547 et testa le 29 juillet 1568, laissant l’héritage à son fils Barthélémy.

Barthélémy de Buisson Seigneur de Baragne, Cailhavel et Boussenac reçut les reconnaissances de Baragne le 14 avril 1613, épousa le 1er juin 1613, Jeanne de Noé, fille de Roger de Noé, Chevalier de l’Ordre du Roi et de Françoise d’Odet, Baronne de Benque. Il testa le 17 juillet 1622, laissant la seigneurie à son fils Pierre.

Pierre de Buisson Seigneur de Cailhavel, épousa en 1617, Jeanne d’Antiquamérata. Il testa le 15 septembre 1617 et à sa mort laissa deux enfants qui moururent en bas âge. Par suite de ce décès, Jeanne de Buisson, sa soeur, mariée à François de Roquette Seigneur de Magrens, recueillit l’héritage. Elle devait faire porter le nom et les armes de la maison de Buisson au premier mâle qui naîtrait.

Branche de Roquette – Buisson

François de Roquette Seigneur de Magrens, né le 18 janvier 1601, reçu Chevalier de Malte en 1618, servit aux armées. Il prit part au siège de Saint-Jean d’Angély et y fut blessé ; il se retira du service et épousa le 22 octobre 1623, Jeanne de Buisson. Il testa le 04 novembre 1636 et sa femme le 12 mars 1662. Il laissait comme successeur son fils Antoine.

Antoine de Roquette – Buisson Seigneur de Magrens, Baragne, Cailhavel, Boussenac, né le 04 décembre 1632, servit le Roi dans la seconde compagnie des Mousquetaires de 1660 à 1662. Il rendit hommage le 06 avril 1666, dénombra ses biens le 21 décembre 1667 et testa le 26 juin 1694, laissant ses biens à Bernard et la succession à Louis.

Louis de Roquette – Buisson baptisé le 25 octobre 1668, Seigneur de Magrens, Cailhavel, Boussenac, Baragne, d’abord Lieutenant au régiment de Normaandie, puis blessé à Phalsbourg en 1668, Capitaine au régiment de Royal-Vaisseaux, suivit le Roi dans ses guerres d’Allemagne. Étant en résidence à la Roche (Luxembourg), il épousa le 28 octobre 1689, Pétronille d’Odeignie, fille du Seigneur de Waillimont et de Gérardisle. Blessé dangereusement au siège de Chivas en 1705, il rentra en Franceet passa les actes post-nuptiaux de son contrat de mariage le 27 mai 1707. Il partagea avec ses frères le 03 octobre 1701. Il vivait encore en 1725. Son fils aîné lui succéda.

Bernard dit « le Comte de Roquette – Buisson » Seigneur de Baragne, Cailhavel, Boussenac, Magrens, Labruguière resta sur ses terres, il épousa le 29 avril 1725, Bernarde de Roquette née le 14 juin 1705, dame de Labruguière et d’Arse. Il rendit hommage au Roi le 1er juin 1758, eut de nombreux procès et ne quitta pas son pays. Il eut pour successeur son fils Jean-Louis-Joseph.

Jean-Louis-Joseph dit « le Marquis de Roquette – Buisson » Seigneur de Baragne, Cailhavel, Boussenac, Magrens, Labruguière, Arse et après son mariage de : Rogles, Angravier et Sainte-Croix, prit part aux assemblées de la noblesse de 1789. Il vécut sur ses terres et mourut le 28 octobre 1794. Il avait épousé le 21 juillet 1760, Anne-Josèphe de Rogles, fille de Jean-Baptiste Seigneur de Rogles, Chevalier de Saint-Louis et d’Antoinette de Raymond Lasbordes.

Sa femme, qui ne mourut que le 15 janvier 1815 resta durant toute la période révolutionnaire à Rogles où son mari fut enterré, mais durant ce temps, les révolutionnaires pillèrent Baraigne et brûlèrent une grande partie des archives.

Nous arrêtons là la généalogie de cette illustre famille qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours.

Un siècle de photos

1890

1920

Aujourd’hui